Six mois avec sursis requis contre le vidéaste d’extrême droite Papacito, jugé pour avoir menacé un maire


Papacito (à droite) en compagnie de Pierre-Guillaume Mercadal, l’éleveur de porcs de Montjoi pour lequel il a pris parti. CAPTURE D’ÉCRAN DE LA CHAÎNE LEBYSUS

Six mois de prison avec sursis ont été requis, mercredi 28 février à Paris, contre le youtubeur d’extrême droite Papacito, jugé pour injures, provocation à la haine et appel à la violence contre le maire d’un village du Sud-Ouest, qui avait dû être placé sous protection policière.

Le parquet n’entend pas « faire la police de la pensée », mais, dans ce dossier, le vidéaste de 38 ans, Ugo Jil-Gimenez de son vrai nom, a « bel et bien franchi la ligne jaune », a estimé le vice-procureur Cédric Le Grand, devant le tribunal correctionnel.

Pour le magistrat, qui a également requis une amende de 3 000 euros, Papacito a « contribué » à « susciter l’acharnement qui s’est abattu sur le maire » de Montjoi, village du Tarn-et-Garonne de moins de 200 habitants. L’élu avait fait l’objet de nombreuses menaces de mort.

Dans les longues vidéos incriminées, mises en ligne en novembre 2022 puis en mai 2023, le vidéaste prenait parti dans un conflit de voisinage à propos du chemin d’accès à une ferme. Papacito, dont la chaîne YouTube a, depuis, été fermée, s’y affichait en fervent partisan d’un éleveur de porcs et accusait le maire, Christian Eurgal, de s’être laissé corrompre par un Britannique, un « lord ».

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Les « déviants » doivent être « exécutés »

De longs extraits des vidéos ont été diffusés à l’audience. On y entend le vidéaste d’extrême droite comparer les Anglais à du « gibier », fustiger un arrêté municipal usant, selon lui, d’un « champ lexical de tarlouze » et expliquer que les « déviants » doivent être « exécutés ».

Dans une deuxième vidéo à la mise en scène volontairement grotesque, les comparses de Papacito s’en prennent à un personnage déguisé en « fouine », qui finit violé puis tué. A la barre, le vidéaste a expliqué que cette « mascotte » représentait deux personnages distincts, une « fouine municipale » et une « fouine champêtre » symbolisant la « corruption républicaine », mais que seule la deuxième subissait les violences simulées.

Il a revendiqué une « outrance », un esprit de « gaudriole » et un ton « humoristique, avec tous les excès qui vont avec », et a affirmé qu’on s’en prenait à lui sur la forme plutôt que sur le fond, puisqu’il n’est pas poursuivi pour diffamation pour avoir accusé le maire de corruption.

Le vidéaste a voulu entamer un « débat d’intérêt général sur le désarroi du paysan face à des réglementations tatillonnes », a fait valoir Pierre Egea-Ausseil, l’un de ses avocats, qui a plaidé la relaxe. Le tribunal rendra sa décision le 26 avril.

Le Monde avec AFP

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